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Les liens de ces deux articles:
"Paris est un calvaire pour les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant. 20 Minutes en a fait l'expérience en compagnie de Joël Nekkab, de l'Association des paralysés de France. Il a accepté de tester l'accessibilité du parc de la Villette (19e).
Près de la station de métro Corentin-Cariou, Joël recense ce qui complique son quotidien. Trottoirs défoncés, grilles d'arbres descellées, véhicules stationnés sur les passages piétons. Il est parfois obligé de rouler sur la route, au risque de se faire accrocher par une voiture, «car les conducteurs ne font pas attention». Les embûches continuent une fois l'enceinte de la Villette atteinte, «un quartier pourtant récent», fait remarquer Joël. Dans les allées pavées, «le calvaire pour un handicapé», rien n'est prévu pour lui. Il cherche des toilettes, mais aucunes ne sont adaptées. Il tente sa chance dans un restaurant, dont les W.C. sont situés... en sous-sol.
Sous-sol
Direction la Cité des sciences. A l'intérieur, les normes sont respectées, mais l'affaire se corse quand il tente de prendre l'ascenseur menant à la Géode. Hors service. Pas d'interphone pour appeler de l'aide. Il continue vers le canal. Au pied de la passerelle, une barrière bloque l'ascenseur, hors service. Des agents d'entretien arrivent. Joël les interpelle. «Comment je peux passer le canal?» «Il y a un autre ascenseur à trois cents mètres», répond l'un des agents. «Vous pouvez vérifier qu'il fonctionne, que je n'y aille pas pour rien?», demande Joël. Il a bien fait: «Il est hors service lui aussi, désolé», s'excuse l'agent après un appel au talkie-walkie.
Seule solution pour Joël: emprunter une rampe inclinée à 25°, en se faisant pousser. Mais de l'autre côté du canal, pour descendre, il a le choix entre des escaliers et un ascenseur... en panne. Furieux, Joël refuse de faire marche arrière. Il descendra l'escalier sur les fesses, et fera porter son fauteuil. «Ça m'est déjà arrivé sur la "coulée verte". A l'arrivée, l'ascenseur était en panne, j'ai dû revenir à mon point de départ», raconte-t-il. En sueur, il roule vers la Cité de la musique, qu'il a mis une heure trente à atteindre. Il aperçoit un ascenseur menant à la station de métro Ourcq. Enfin un qui lui permet d'atteindre la gare... Mais une vingtaine de marches le séparent encore des quais."
"Interview de Véronique Dubarry, adjointe (Verts) au maire de Paris chargée du handicap.
Quels seront les gros dossiers à traiter en matière de handicap pendant le mandat?
Il y a beaucoup à faire sur le logement. La grande mode chez les bailleurs sociaux, ce sont les menus déroulants qui affichent le nom des habitants de l'immeuble pour les appeler. Ces bâtiments excluent donc d'office les non-voyants. Les bailleurs sociaux sont en train de recenser leurs logements accessibles. Il en reste huit mille à diagnostiquer. Tout sera terminé avant l'été. Nous devrons nous assurer que les logements accessibles le restent, et nous veillerons à ce que nos nouveaux logements sociaux soient conformes.
Prévoyez-vous des structures spéciales?
Une centaine d'unités de logements spécialisés sont en cours de réalisation, et nous en prévoyons d'autres durant la mandature. Mais elles sont adaptées uniquement aux personnes en fauteuil roulant. Nous pourrions inventer des unités de logement pour les autres types de handicap.
Comment intégrer le handicap dans la société?
L'emploi est une priorité. Il faut organiser des formations à destination des entreprises, qui ont intérêt à adapter quelques postes pour des personnes handicapées plutôt que de payer l'amende. Même les administrations ont du chemin à parcourir. Une représentante du conseil consultatif handicap m'avait demandé d'assister au Conseil de Paris lundi dernier. Je lui avais répondu oui du tac au tac. Mais les tribunes n'étant pas accessibles par ascenseur, elle a dû passer toute la séance dans l'hémicycle, deux étages plus bas.
Que faire pour améliorer les déplacements?
Si vous ne pouvez pas vous déplacer, vous ne pouvez pas bosser. L'accessibilité des bus, c'est un gros morceau. Il faut à la fois renforcer la sensibilisation des chauffeurs sur la nécessité d'embarquer les handicapés, mais aussi mettre des moyens pour que les plates-formes fonctionnent mieux. Les mentalités des Parisiens aussi doivent évoluer. J'entends souvent les gens râler car le déploiement de la plate-forme du bus prend du temps. C'est insultant pour la personne en fauteuil qui souhaite descendre.
Recueilli par Magali Gruet"
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