Je vous laisse découvrir ce petit dossier très instructif sur trois points: comment se passe notre accueil honteux en tant que personne handicapée au Sénat bien sûr, mais également comment un endroit accessible peut devenir inaccessible par manque de formation du personnel!!, et enfin ce qu'on se prend dans la tête quand on est dans un fauteuil! :)
Quatre étapes à ce dossier:
1) la lettre introductive
2) le déroulé détaillé des évènements
3) des remarques additionnelles
4) une conclusion constructive
C'est parti pour un récit surréaliste autour de MM (moi-même)!
1) Lettre introductive à l’attention du Président
Objet : accueil d’une personne en situation de handicap au Sénat-Palais du Luxembourg lors du Forum Mondial du Développement Durable
Monsieur le Président,
(…)Depuis plusieurs années j’ai acquis une connaissance dans le domaine de l’accessibilité en même temps que j’ai découvert la nécessité de me battre au quotidien pour pouvoir terminer mes études et trouver un poste. Je m’arrête là car me plaindre n’est pas dans mon tempérament. Je ne suis dans aucune association mais je me suis engagée politiquement car la volonté de faire évoluer notre société m’anime.
Consciente que vous êtes très attentif à ce qu’un citoyen ne soit pas exclu de la société de par son simple handicap, je vous écris à titre personnel à propos du Forum Mondial du Développement Durable, auquel vous avez vous-même apporté votre haut patronage.
En effet il était prévu que j’y participe dans un cadre professionnel et avec mon assistante nous avions correctement prévenu les organisateurs de mon handicap et demandé les renseignements comme à notre habitude afin que tout se passe « normalement » (acceptant donc le principe de ne pas pouvoir nous présenter sans prévenir à l’avance comme tout un chacun).
L’accueil que nous avons reçu, lié à mon handicap et uniquement lié à mon handicap, à la fois par le personnel du Sénat et par les organisateurs du Forum, est depuis 5 ans l’accueil le plus scandaleux qu’il m’ait été donné de vivre et supporter en tant que personne handicapée.
Le Développement Durable incluant dans son pilier social l’accessibilité aux personnes handicapées, le Sénat étant un des socles de notre République, je me devais de vous faire part de ce compte rendu honteux pour la France.
Etant donné la gravité des faits j’espère recevoir une réponse de vos services et, plus que tout, j’espère que les conséquences de ces évènements seront tirées afin que les prochaines personnes en situation de handicap qui se présenteront seront traitées dignement et dans le respect de leurs droits fondamentaux.
Dans l’attente je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations respectueuses.
2) Déroulé détaillé des évènements
NB : Le récit est
effectué à la première personne qui désigne mon assistante, DD, qui est
également officiellement mon accompagnatrice de travailleur handicapé. Néanmoins
afin d’être le plus véridiques possible nous avons bien sûr rédigé ce déroulé
détaillé des évènements à deux.
*** Jours précédents
Suite à notre inscription, AA nous a confirmé le 9 décembre 2008 l’accessibilité des lieux par le mail suivant dont la totalité est présente en annexe :
« Madame,
Je vous confirme que le palais du luxembourg est accessible
aux personnes handicapées. L’événement se passe au palais du luxembourg
au 15 rue de Vaugirard . ( salle clémenceau ) pour tout les sessions et
au salon pourpre et napoleon pour le dejeuner.
Sur la liste qui sera transmise la semaine prochaine au
restaurant du sénat il est mentionné que Madame MM est handicapée et est
accompagnée.
Cordialement
CB »
Une personne avait demandé à notre responsable de formation Mme CC la plaque d’immatriculation de notre véhicule afin que nous puissions rentrer dans la cour : notre arrivée se faisant en taxi nous n'avions pas à l'avance ce numéro d'immatriculation, notre réponse semblait convenir.
*** 19 décembre 2008 jour du Forum Mondial du développement Durable, 8H15 : arrivée au Sénat
Le taxi entre sous le porche et je (NDLR = DD, assistante et accompagnatrice de MM) me présente à l’accueil en signalant que je suis accompagnante de Mme MM handicapée motrice et que nous souhaitons nous rendre à la salle de conférence CLEMENCEAU qui accueille le Forum Mondial du Développement Durable. Le personnel de l’accueil ne comprend pas ma demande et je dois expliquer à plusieurs reprises que compte tenu du fait que Mme MM est en fauteuil roulant nous souhaitons comme prévu pouvoir accéder à la cour du Sénat afin de positionner le véhicule au plus prés de l’élévateur car la cour est pavée.
Quelques minutes plus tard une personne de la sécurité du Sénat arrive et nous indique le chemin. Nous lui demandons de bien vouloir nous accompagner à la salle Clémenceau car le parcours n’est pas fléché et l’agencement des lieux ne nous permet pas de nous y rendre en toute autonomie. Nous sommes conduites par un élévateur puis par des couloirs et un ascenseur, et arrivons à la salle où un petit déjeuner est proposé. La personne de la sécurité nous dit de la rappeler pour aller à la salle de conférence ensuite.
*** Rapidement (Mme MM ne prend qu'un verre d'eau), nous demandons la direction pour accéder à la salle de conférence, afin que nous puissions nous y installer sans être retardées par des cheminements (il est important que Mme MM soit bien positionnée par rapport aux allées mais également aux interlocuteurs et aux hauts parleurs de la salle pour ne pas ressentir de multiples douleurs, nous préférons donc toujours arriver tôt dans une salle), des personnes s'y rendant déjà directement.
Une personne à l'entrée du salon, charmante, rappelle la sécurité du Sénat à notre demande. Après plusieurs rappels et une attente, deux personnes de la sécurité se présentent (il n'y a pas la première personne qui nous a conduites jusqu'ici).
Une concertation a alors lieu entre le personnel de la sécurité et les personnes à l'entrée du salon, au cours de laquelle chacun essaye de déterminer le chemin à emprunter. Nous demandons à avoir des informations concernant ce chemin d’accès : on nous propose de nous rendre à la salle en passant par un chemin extérieur et nous demandons s'il faudra traverser la grande cour pavée (les pavés étant pour toute personne en fauteuil roulant un revêtement difficile et pénible), ce à quoi ils répondent « oui ». On nous suggère alors de suite un autre chemin et nous les voyons faire des gestes sans qu’ils nous associent à la discussion. Aussi, nous leur demandons s’il y a des marches à franchir ce à quoi ils répondent : « oui il y a des marches mais nous allons vous porter ». Mme MM signifie à deux reprises que l’accessibilité ne consiste pas à proposer à une personne handicapée motrice de la porter dans des marches et qu'elle préfère passer par le chemin accessible quitte à traverser des pavés. Le personnel de sécurité semble surpris et dubitatif, nous devrions être déjà contentes que des élévateurs soient mis en place dans ce bâtiment très ancien et historique, nous souligne-t-on à plusieurs reprises.
Les deux agents de sécurité du Sénat nous escortent alors vers le chemin d’accès de la salle Clémenceau qui d’après leurs dires est le cheminement habituel pour les personnes en fauteuil roulant.
Nous repassons par l'ascenseur, les couloirs puis l'élévateur qui mène dans la grande cour pavée : finalement il n'y a qu'une vingtaine de mètres à effectuer sur des pavés mais nous sommes orientées vers un parking en sous-sol sans trottoir. Inquiètes de la situation, nous leur posons des questions sur le chemin que nous allons emprunter. Ils nous précisent que normalement nous aurions dû arriver directement avec notre taxi dans le parking en sous-sol si nous nous étions signalées à l'accueil (ce que nous avons fait) et que de toute façon il n'y a pas d'autres solutions.
Nous avons donc dû les suivre à
pied dans le parking souterrain par la rampe d'accès véhicule, extrêmement
pentue et glissante, sans trottoir spécifique pour que nous puissions nous
mettre en sécurité par rapport aux véhicules que nous avons croisés. Nous n'avions
pas de visibilité sur les véhicules qui arrivaient et au milieu de la descente
nous sommes passées du côté opposé (à contre sens) à la demande du personnel.
D'après le personnel de sécurité, nous avons eu de la chance que le portail du
parking « se soit ouvert sans manette ». La situation est dangereuse
et inquiétante, aussi nous posons de nombreuses questions sur la suite du
parcours pour accéder à la salle de conférence et l'accessibilité des locaux
pour le reste de
la journée. Ils
nous répondent agacés « au Sénat nous faisons les lois, nous ne les appliquons pas ». Arrivées en sous-sol, nous prenons un élévateur qui mène à la salle de conférence : nous leur demandons des informations sur l’accessibilité de la salle de déjeuner. Ils nous répondent que nous devrons remonter et redescendre à nouveau le parking à pied par la voie véhicules que nous venons d'emprunter : Mme MM est très étonnée et demande s'il n'est pas possible d'utiliser un de leurs véhicules pour se mettre en sécurité lors de ces allers-retours, ils ne pensent pas que ce soit possible car ils ne l'ont jamais fait.
*** Nous arrivons à la salle de conférence et j’installe Mme MM. Je vais signaler à l’organisatrice AA les dysfonctionnements afin qu'il soit possible de nous rendre au déjeuner et de suivre le reste de la journée dans de meilleures conditions et en particulier dans des conditions de sécurité acceptables.
Au même moment, M RR se rend dans la salle de conférence et informe Mme MM qu’une voiture sera prévue pour midi. Il s’excuse pour l’épisode précédent et semble très bien comprendre notre situation. Il indique même à Mme MM la localisation des toilettes accessibles. Il utilise d’ailleurs des termes appropriés tels que « personnes à mobilité réduite ». Mme MM m'informera juste après de cet entretien, par téléphone.
*** Pendant ce temps je continue donc de demander des informations pour le reste de la journée, une personne de la sécurité (NB le personnel du Sénat ne portant pas de badge il est bien difficile de savoir à qui nous nous adressons d’où certaines indications peu précises) m’indique qu’il existe un autre chemin que celui emprunté le matin via la rampe véhicules du parking. Il semble très sûr de lui et lorsque je lui demande quelques précisions il fini par dire que sur le chemin qu’il propose d’utiliser il y a des marches et sa collègue répond : « elle ne peut pas se lever ?».
Après concertation avec l’organisatrice de l’AA présente pendant cet échange, nous pensons qu'il est mieux, pour plus de sécurité, que j’aille vérifier et repérer en avance le chemin d’accès à la salle de déjeuner. L’organisatrice de l’AA demande alors à une personne du Sénat de m’accompagner à la salle de restaurant.
*** Nous arrivons à l’accueil du salon et j’explique au personnel présent que je souhaite vérifier l’accessibilité de la salle de déjeuner. On me répond que la salle de restaurant n’est pas accessible et que de toute façon on peut porter Mme MM. Sur ce Monsieur VV se présente et me demande ce qui se passe, je lui réexplique de façon factuelle les difficultés que je rencontre et mon souhait de vérifier l'accessibilité des cheminements vers les lieux pour être certaine des bonnes suites de notre journée. Après discussion nous nous apercevons que la personne du Sénat qui m’accompagne m’a orientée vers le mauvais salon, que nous nous trouvons au Salon Beaufrant au lieu du salon Pourpre.
Monsieur VV, tandis que j'explique la situation, me coupe et m’indique que je remets en cause l’organisation et le personnel du Sénat. Ce à quoi je réponds que je ne fais que relater les difficultés que nous avons rencontrées en arrivant. Il insiste à nouveau en expliquant que le Sénat n’est pas l’organisateur du forum et qu’aucune responsabilité ne peut lui incomber. Puis il s’énerve, remet en cause mes propos et décide de m’accompagner pour faire un point avec l’organisatrice de AA tout en me précisant que ce n’est pas à lui de le faire. Devenu très agressif, il me dit « vous n’aimez pas le Sénat ou quoi ! » et se rapproche de moi menaçant, je lui indique que mes sentiments pour le Sénat importent peu, et que je souhaite simplement trouver des solutions fiables et non dangereuses pour une personne en situation de handicap moteur.
Ce à quoi il répond : « vous n’avez rien à faire ici, vous dégagez ». Je tiens à préciser que durant tout cet échange, la personne du Sénat qui m’accompagnait pour vérifier l’accessibilité de la salle de déjeuner était présente.
*** Après cet échange, je fais part de mon désappointement à cette personne du Sénat qui m’accompagne, celle-ci m’indique qu’ils ont souvent des problèmes d’organisation avec les personnes venant en fauteuil roulant « car le personnel du Sénat n’est pas suffisamment formé ».
Nous allons au salon Pourpre pour visiter la salle de déjeuner. J’emprunte le cheminement pour personnes handicapées, qui passe notamment par les cuisines très exigües du salon.
L’endroit reste tout de même accessible, le fauteuil roulant de Mme MM n'étant pas très large.
*** Je retourne donc accompagnée de la personne du Sénat rejoindre Mme MM dans la salle du forum.
En cours de route, nous sommes interpellées par un employé du Sénat qui me demande de le suivre, et m’indique que je suis attendue par Mme GG, qui souhaite savoir ce qui se passe.
J’entre dans le bureau, dans lequel Monsieur RR est présent, et dans lequel Monsieur VV nous rejoint.
J’explique encore une fois les difficultés que nous avons rencontrées et les informations que je cherchais pour le déjeuner. Madame GG m’indique qu’effectivement AA avait bien signalé notre arrivée, elle dispose d’ailleurs d’une note manuscrite à ce sujet qu’elle me montre. Elle m’explique qu’en aucun cas, le personnel de sécurité n’est autorisé à nous faire descendre par l’accès voiture du parking, qu’elle a fait passer une directive à ce sujet et insiste en précisant qu’elle a d’ailleurs demandé à ce que toute personne à mobilité réduite bénéficie d’un transport motorisé pour accéder au salon Clemenceau. Mme GG me fait part de problèmes de coordination rencontrés avec AA. Elle revient ensuite sur le fait que la mise en accessibilité est compliquée dans un bâtiment ancien et protégé tel que le Sénat. Je réponds qu’a priori les conditions de mise en accessibilité semblent plutôt opérationnelles, les dysfonctionnements et les mises en danger relevant plus du manque d’information, d’écoute et de communication (je précise que je ne mentionne pas à ce moment la qualité de l’accueil).
*** La responsable de la sécurité se présente à ce moment dans le bureau et me demande ce qui se passe. Je lui réponds que Mme GG dispose de l’ensemble des informations puisque je viens de les lui relater. Selon la responsable de la sécurité, « Mme MM a été désagréable avec le personnel » : je lui fais part de mon étonnement. Elle ajoute que les problèmes viennent du fait que « Mme MM a voulu se déplacer en roulant dans son fauteuil » ( ! sic !) et qu’au Sénat « ce n’est pas comme cela que ça se passe » et que de plus, c’est à cause Mme MM si nous nous sommes retrouvées au petit déjeuner, au lieu du salon Clémenceau car « elle a voulu prendre un café » (à titre d’information, outre le fait que nous n'avons jamais effectué cette demande à aucun agent, l'information est d'autant plus grotesque que Mme MM ne boit jamais de café et qu’elle n'a rien mangé à ce petit déjeuner, plutôt pressée de s’installer dans la salle pour avoir une place compatible avec les multiples aspects de son handicap).
Devant l’attitude hostile de la responsable de la sécurité je demande de mettre fin à la discussion.
*** Je retourne à la salle de conférence pour rejoindre Mme MM qui m'a déjà envoyé deux textos car elle a besoin de mon assistance et que je l’ai laissée seule plus d’une heure. Je lui relate les événements en détail puis je les mets à l’écrit sur une feuille de brouillon. Néanmoins la suite du déroulement de la journée semble assurée, si ce n'est dans des conditions normales d'accessibilité, au moins dans les conditions minimales d'accessibilité et de sécurité, ce qui nous suffit amplement.
*** Quelques minutes plus tard, la pause a lieu : j'accompagne Mme MM aux toilettes accessibles et Monsieur RR nous rejoint même très rapidement pour nous les indiquer avec plus de précision, précaution inutile mais qui fait preuve d’une attention à nos besoins spécifiques, cela tend donc à nous rassurer.
Nous revenons des toilettes vers la salle de conférence avec Mme MM, et à ce moment Monsieur EM (que nous n’avions pas rencontré auparavant et que nous ne connaissions pas), dont nous avons appris plus tard (il ne s'est pas présenté et j'ai lu son nom sur le badge du Forum) qu'il était le directeur du forum, prend à partie violemment Mme MM, lui indiquant très énervé qu’ « à cause de tous les problèmes » qu'elle avait créés le forum avait failli être annulé et qu’il ne l’en remerciait pas. Très surprise, Mme MM lui demande des explications puisqu’il lui semblait qu’à aucun moment de toutes les discussions il n'avait été émis cette hypothèse. Monsieur EM lui tourne alors le dos et engage une conversation avec une tierce personne. Mme MM insiste en demandant des explications et surtout en l’invitant à accepter la discussion. Monsieur EM s'éloigne de quelques mètres (!) puis poursuit sa conversation avec la tierce personne sous l'oeil médusé des témoins, dont son assistante. Mme MM le rejoint en « roulant dans son fauteuil », Monsieur EM fait mine de ne pas l'entendre (son interlocuteur pourtant semble bien entendre Mme MM !). Après que Mme MM ait répété trois fois « excusez-moi » dans son dos, Monsieur EM se retourne et lui répond avec dédain et agacement qu’il n’a rien à lui dire. Nous nous dirigeons alors vers l’assistante de M EM, avec laquelle nous avions eu des échanges positifs depuis le début de la journée et qui a suivi l'avancement des faits, afin de lui demander de plus amples informations, mais M EM accourt très agité et lui dit de ne plus rien dire et de ne surtout pas répondre à Mme MM, en agitant les bras « ne lui répondez surtout pas ! ».
Devant une telle agressivité, incomprise, de la part du directeur du forum mondial du développement durable, et suite à l'agressivité précédente d'une partie du personnel du Sénat, nous nous rendons au triste constat que les personnes à mobilité réduite n'étaient pas invitées à participer à cet événement et nous décidons de quitter le forum.
Nous sommes accompagnées vers la sortie par M. RR, toujours très correct et qui semble bien comprendre la situation. Il s'assure, en appelant l'accueil, que le taxi qui vient me chercher sera bien dirigé afin de nous mettre en sécurité. L'assistante de M EM nous rejoint à ce moment en se disant désolée du déroulement, et que nous serons remboursés de notre participation à cette journée. Mme MM la remercie pour ses propos, et l’informe qu'elle attend plutôt des excuses de M. EM (puisque c'est de lui qu'elle s'est faite agresser verbalement sans raison) et du Sénat qui l’a mise en danger et ne nous a pas correctement accueillies en tant que personne en situation de handicap et son accompagnatrice.
Nous repartons par un chemin accessible (élévateur) et le taxi que nous avons commandé nous attend au parking souterrain. Il est à peu près 11h.
3) Remarques additionnelles
Je souhaite reporter des éléments
qui nous ont été donnés lors d’une discussion avec une des personnes
responsables du Sénat rencontrées au cours de la matinée. Elle nous a informé
que le Sénat avait déjà eu de gros problèmes pour l'accueil d'une personne
handicapée motrice qui ne s'était pas signalée comme handicapée (ce que nous
avions fait plusieurs semaines auparavant). Deux personnes du Sénat nous ont
donc spontanément affirmé avoir des problèmes à l’accueil des personnes en
situation de handicap. Elle nous a bien confié son désolement de notre
départ, étant donné les efforts déployés par chacun pendant la matinée pour que
le déjeuner se passe correctement. Elle a d’ailleurs informé ensuite une tierce
personne que nous partions suite à la prise à partie personnelle et agressive
de M. EM, dont elle nous apprend ensuite que le comportement est déjà par
ailleurs remis en cause pour la présidence de ce forum mondial du développement
durable. Elle pense que les organisateurs du forum sont responsables du couac,
néanmoins elle pense également que la mésinformation au moment de notre accueil
ainsi que le comportement de certains des agents du Sénat va « finir par
nuire à l'image du Sénat ».
Mme MM s'était déjà rendue une fois auparavant à titre personnel au Sénat et avait déjà pu constater la mésinformation du personnel d'accueil : alors qu'elle avait reçu par mail une confirmation de l'accessibilité de la salle de réunion dans laquelle elle se rendait, l’accueil affirmait qu'il n'existait pas de cheminement sans marches. Finalement, un pompier l'avait accompagnée par un cheminement totalement accessible (bien que faisant passer encore par des salles non autorisées donc un cheminement loin d’être usuel), pompier qui était au courant et sensibilisé par le fait que sa petite-fille était elle-même handicapée.
4) Conclusions constructives
De notre point de vue, la responsabilité est réellement partagée entre l'organisateur du forum et le personnel du Sénat. L'objectif n'est pas de nuire à des personnes isolées dépendantes de l'organisation de leur institution, mais bien que la prochaine personne handicapée ou en situation de handicap qui se présente au Sénat soit A MINIMA accueillie dans des conditions de sécurité et traitée dignement. À cet effet, et puisque à ce jour les salles que nous connaissons étaient toutes factuellement accessibles, nous vous invitons à mettre en place un large plan d'information de vos agents (accueil, sécurité) sur les cheminements existants, et surtout très rapidement un plan de formation sur la législation de l'accessibilité, de la mise en sécurité des personnes en situation de handicap, et enfin des solutions et des réponses qu'il est correct de proposer. Pour ce dernier point, je vous invite a minima à consulter le document de la DMA (Délégation Ministérielle à l'Accessibilité) « Guide à l'usage des gens ordinaires ».
Dans un second temps, nous vous invitons à reprendre la réflexion sur la mise en accessibilité de vos locaux afin que les personnes en situation de handicap puissent emprunter le même chemin que tous, et ce en toute autonomie, comme ce principe est rappelé dans la loi du 11 février 2005, tout au moins par des chemins qui ne passent pas par les cuisines, les monte-charge, les locaux poubelles, les parkings etc. La valeur esthétique et historique de votre patrimoine a su perdurer malgré l'application des réglementations (que l'activité hébergée par le Sénat contribue à produire) sur l'électricité, sur la sécurité incendie, sur l'évolution de l'hygiène (eaux sanitaires, eaux usées...) etc., je suis persuadée qu'elle saura également résister voire être sublimée dans la nécessité de l'accès à tous les citoyens de manière équitable. Il va sans dire que notre parlement a de nombreuses raisons d'être exemplaire en ce sens. Les exemples internationaux, d’architecture bien plus ancienne que le Sénat, sont nombreux pour prouver que cela est possible.
Vous trouverez des acteurs pour vous accompagner dans une réflexion constructive et concrète : je me tiens à votre disposition pour vous y aider comme je le peux.
Enfin, sur le peu des conférences de ce forum auxquelles Mme MM a pu participer, il a été évoqué le pilier social du développement durable par M le Ministre Douste-Blazy. C'est en effet un des principaux piliers du développement durable tel qu'ils apparaissent dans la définition originelle (et persistante) de Brundtland : l'accessibilité du bâti et de l'information aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap est l’un des points importants de ce pilier du développement durable. Il semble qu'il faille le rappeler à M.EM, organisateur du forum mondial du DD.
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