Voici comment se définit l'hôtel R. où a eu lieu la scène suivante, dans un cadre professionnel. Pas vraiment de scandale mais une bonne vision de ce qu'on vit au jour le jour et de ce qu'on nous répond! Aussi une proposition de réponse si ça peut servir à d'autres! En gras ma phrase bêtisier fétiche : "la pente va vous aider"!! Le directeur nous a gentiment répondu par téléphone en s'excusant mais pas encore par écrit...
Ce texte est donc majoritairement rédigé par mon assistante!
Au passage, j'en profite pour souligner le bien indispensable d'être enfin accompagnée lors de tous mes problèmes par une assistante dont c'est une des missions dans son poste de travail : outre que sans elle je ne pourrais rien faire sans sombrer dans des galères absolues, on est moins "seul au monde contre tous"... j'envoie donc très officiellement au diable le discours paternaliste insupportable d'un orateur (heureusement isolé et repris par les autres présentateurs) d'une conférence récente qui en gros a expliqué qu'offrir l'autonomie par une assistance tierce équivalait à désocialiser et rendre dépendant...
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Hôtel R.
75001 PARIS
Paris, le 4 décembre 2008
Monsieur le Directeur,
Je tiens à porter à votre connaissance les faits suivants :
Mme A et moi-même (assistante et accompagnante de Mme A) sommes salariées de
la Société S. Une inscription a été faite pour notre participation aux Journées
J les J octobre 2008.
Les 4ème et 5ème jours de formation ont eu lieu à
l’hôtel R. à Paris.
Mme A étant handicapée moteur, nous avons contacté au préalable vos services
ainsi que l’hôtel R afin d’avoir la certitude quant à l’accessibilité des lieux
et éviter ainsi toute déconvenue. Mme M attachée commerciale de l’Hôtel R nous
a confirmé par mail et téléphone l’accessibilité des lieux.
Lors de notre arrivée à l’hôtel R le mercredi M 2008, nous avons pu
accéder à l’hôtel en passant par la porte de service. La formation s’est
déroulée toute la journée dans une des salles de formation accessible située au
rez-de chaussée.
Le lendemain jeudi J 2008, nous nous sommes présentées pour la dernière
journée de formation à l’Hôtel R. et il nous a été précisé que la formation
se déroulait au sous-sol de l’hôtel. Nous sommes passées par l’ascenseur et
couloirs de service afin d’accéder à la dite salle.
En arrivant devant la salle de formation, nous avons constaté qu’il n’était possible d’y accéder qu’en descendant 3 marches (voir photo ci-jointe).
Monsieur H en nous voyant arriver, nous a dit que la salle était accessible
car lui-même et ses collaborateurs pouvaient porter Mme A.
Mme A a refusé de se faire porter, expliquant que porter une personne
handicapée moteur et donc fragile physiquement était risqué (chute, blessure)
et que seule une personne habilitée à ce type d’exercice pouvait le faire (type
pompier). En outre le personnel s’expose à des responsabilités très lourdes
dont il ne semblait pas du tout conscient « Nous le faisons
d’habitude ».
Face à l’incompréhension générale des employés de l’hôtel, Mme A a indiqué à
Monsieur H qu’il pouvait vérifier ses dires en appelant les pompiers, ce que
Monsieur H a fait devant nous.
Monsieur H a alors demandé à ce qu’une rampe d’accès soit descendue.
Quelques minutes plus tard, un employé de l’hôtel est arrivé avec une rampe en
bois recouverte d’une peinture blanche, et, accompagné de Monsieur H a tenté de
la mettre en place. La rampe étant totalement décalée du niveau du sol en plus
d’être instable et trop basse, Monsieur H a fait glisser sous la rampe un
morceau de bois vernis afin de stabiliser le tout et nous a dit que le
dispositif était stable et que nous pouvions passer en fauteuil roulant dessus.
Ce à quoi nous avons opposé un refus catégorique puisque, comme les personnes
présentes nous l’ont attesté au déjeuner (participants à la formation,
employées E) nous pouvions constater la dangerosité du dispositif, bancal et
glissant avec un franc décalage entre les marches et la « rampe ». La
pente était largement supérieure aux 5% de la législation, ce à quoi Monsieur H a très étonnamment répondu « la pente va vous
aider à descendre ».
Ne trouvant pas de solution, une table a été installée pour Mme A dans le
couloir. Le pupitre de l’intervenant étant très éloigné, il était difficile
d’entendre les informations et le passage du personnel de service était
extrêmement bruyant.
Vers 10H30, le personnel de l’hôtel nous a proposé que soit déménagé
l’ensemble du mobilier dans la Galerie (ils nous ont dit faire cela à d’autres
occasions), ce à quoi nous avons répondu favorablement en les remerciant.
A peu près au même moment, M H a indiqué qu’un de ses collaborateurs été
habilité à porter une personne handicapée. Mme A a refusé n’étant pas rassurée
par les agissements du personnel de l’hôtel qui, quelques minutes plus tôt
propose de la porter de manière non sécurisée puis de la faire passer sur une
rampe instable, et ce alors même que des salles accessibles existent. En outre,
elle n’aurait alors pu aller aux toilettes ou sortir de la salle sans y faire à
nouveau appel.
Après le déjeuner, l’ensemble du mobilier de la salle de formation a été
transféré dans la Galerie de l’hôtel et Mme A a pu suivre le reste de la
formation avec l’ensemble des participants.
Je vous propose de vous rapprocher de vos deux collaboratrices présentes
lors de cette journée, qui pourront confirmer et étayer mes dires.
Par ailleurs, je me permets de vous rappeler que soucieuse de favoriser
l’intégration des personnes handicapées à la vie sociale, la loi handicap pose
le principe d’une accessibilité généralisée. Outre les transports et le
logement, l’accessibilité concerne également les établissements recevant du
public.
La loi handicap prévoit que les établissements recevant du public doivent
être accessibles à toute personne handicapée afin qu’elle puisse y accéder, y
circuler et y recevoir les informations qui y sont diffusées dans les espaces
ouverts au public.
L’accès et l’accueil doivent être possibles pour toutes les catégories de
personnes handicapées dans les établissements neufs recevant du public.
La mise en accessibilité des établissements existants doit intervenir dans
un délai de 10 ans.
En aucun cas le portage n’est défini
comme une solution d’accessibilité bien sûr pour des raisons de sécurité et de
dignité. De plus, l’accès à l’hôtel doit se faire de la même façon pour tous.
Au pire, un itinéraire « bis » peut être créé pour les personnes
handicapées. En aucun cas, un passage par les poubelles, couloirs vétustes et
monte charge n’est acceptable. Je rappelle qu’un monte charge est destiné au
transport de marchandises et non au transport des clients handicapés.
Enfin, je tiens à préciser que l’hôtel disposait bien de salles de
formations accessibles au rez-de chaussée, et qu’il semblerait qu’une mauvaise
gestion du planning des salles puisse être mise en cause.
Enfin je vous invite à informer et
former vos collaborateurs sur ce qu’est l’accessibilité afin qu’ils cessent de
proposer des solutions de portage indignes et dangereuses pour tous. A minima,
des rampes provisoires adaptées à chaque salle pourront vous assurer une
accessibilité acceptée pour tous à moindre frais.
Dans l’attente d’une réponse écrite de votre part,
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mes salutations
distinguées.
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Pour se faire idée de l'incompréhension totale des personnes qu'on rencontre dans ces situations voici leur version des faits. Outre un beau mélange des chronologies pas très grave, on retrouve tristement l'interprétation classique qu'on est nombreux à se prendre dans la tête : la personne handicapée demandant un peu de respect n'est qu'une énervée...!! Heureusement que le directeur de l'hôtel n'a pas eu le même ton au téléphone. Tout de même l'aculture totale de la France à cette problématique qui n'est pas du tout saisie dans les plans de sensibilisation et formation des lieux d'accueil est effrayant...
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Je me permets de revenir vers vous afin de faire un point sur la réunion du 23 Octobre 2008, notamment concernant la personne en fauteuil roulant :
- La réunion se déroulait dans le salon S (au niveau -1), nous avons donc utilisé l’ascenseur de service pour cette dame afin d’accéder directement au salon
- En arrivant devant le salon, nous lui avons alors proposé notre aide pour descendre les 2 marches, ce qu’elle a catégoriquement et fermement refusé. Cette dame s’est donc mise en colère, et nous a imposé d’appeler les pompiers et le SAMU pour la porter qui selon elle, sont les seules personnes habilitées à la déplacer. Nous les avons donc contactés, mais malheureusement ces derniers ne se déplacent pas pour ce type de situation.
- Tous les autres salons étant occupés, nous avons donc installé sa table de travail juste en haut des marches, à la limite du salon.
- Pendant la pause de 10h30, nous avons fait au mieux pour trouver une autre solution pour l’après midi, en proposant d’utiliser la Galerie pour la réunion. Solution refusée aussi catégoriquement.
- Néanmoins à 13h00, changement d’avis de la cliente, nous avons donc fait le maximum pour déplacer le mobilier du salon S à la Galerie, afin que la réunion se déroule sur le même espace (sans marches).
- La réunion a pris fin vers 18h00 sans d’autres commentaires.
Veuillez noter que nous n’avions jamais été confrontés par le passé à une telle situation, et il nous semblait normal de vous en faire part."
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