"Je souhaite porter plainte contre un conducteur de bus de la ligne L,
aux environs de 18h40-18h45 le mercredi 18 avril 2007 entre les arrêts
AAA.
Je suis handicapée motrice reconnue par la MDPH de Paris (taux supérieur à 80%, travailleuse handicapée de catégorie B). Je suis souvent en fauteuil roulant, parfois je tente de marcher (en faisant rouler mon sac sur un diable léger), ce qui était le cas ce jour-là : je me rendais de mon kinésithérapeute, où j'effectue ma rééducation, à mon domicile (un arrêt de bus).
Je suis rentrée dans le bus par la porte arrière du bus, non seulement parce que je me trouvais derrière le bus et que j'aurais mis très longtemps à aller à la porte avant, mais en outre j'essaye de monter le plus souvent possible par l'arrière car c'est à l'arrière que se situe la place handicapée (place abaissée, bouton d'appel à proximité, place prioritaire avec ma carte d'invalidité, à proximité de la sortie : je ne tiens pas debout dans un bus !). C'est donc ce que j'ai fait, avec comme toujours des difficultés pour monter la marche puis faire monter le sac, et je me suis assise directement sur une place basse en face à proximité. Là le conducteur du bus attend pour démarrer et déclenche un message vocal me signifiant que je dois monter par l'avant. Je fais un geste, bien qu'il me semble qu'il aurait pu cordialement me le dire directement étant donné que le bus était presque vide, puis je lève ma carte d'invalidité pour lui donner les raisons de mes actions.
L'arrêt suivant, auquel je souhaite descendre, je me positionne devant les portes arrières pour sortir : le conducteur refuse de les ouvrir et me crie « venez descendre par l'avant puisque vous êtes montée par l'arrière, que je vois votre tête au moins » : comme les portes arrière ne s'ouvraient pas, j'ai été obligée de traverser le bus vers l'avant. Je lui ai à nouveau montré ma carte d'invalidité (n°*** valable jusqu'en 2016) et il a dit « ce n'est pas parce que vous êtes handicapée que ça vous donne le droit de monter par l'arrière ». Il me semble au contraire qu'une personne handicapée DOIT monter par l'arrière puisque la place handicapée y est située : je ne peux pas me permettre de monter par l'avant, puis de franchir une marche pour m'asseoir sur les sièges surélevés à proximité (et descendre ensuite par l'avant dans le flux inverse, ce qui est trop dangereux pour moi), ou bien monter par l'avant et risquer de tomber le temps d'accéder aux places basses qui sont derrière (je ne peux pas tenir debout quand le bus bouge !!). Je lui ai expliqué que c'était pour parcourir moins de chemin. Mais il a enchaîné, pendant que je tentais de descendre (par l'avant puisqu'il m'a obligée !!) et il m'a à nouveau interpellée de manière agressive en disant « eh c'est pas un titre de transport ça !» en parlant de ma carte d'invalidité. J'ai été choquée car s'il me l'avait demandé poliment à ce moment là où je descendais c'est avec plaisir que je lui aurais présenté ma carte de transport, car j'ai beau être handicapée motrice, je sais très bien ce qui est un titre de transport et ce qui ne l'est pas !! Je descends donc avec difficulté par l'avant, humiliée en public par le conducteur à cause de mes difficultés.
Le récit des motifs de ma plainte n'est pas terminé, mais il me semble que déjà à ce point ce récit suffit à ce que ce monsieur soit sûrement rappelé à l'ordre sur la manière dont les personnes handicapées doivent être traitées : non seulement la Ratp est en grande majorité inaccessible, non seulement il est déjà difficile d'aller du kiné à l'arrêt de bus puis de l'arrêt de bus à mon domicile (aucun service d'accompagnement humain dans les transports en commun n'est prévu), non seulement la marche à franchir est difficile, non seulement le trajet est un moment difficile lorsque le bus est en marche le temps de trouver une place (les conducteurs n'attendent jamais pour démarrer ! on se retrouve en déséquilibre immédiatement, ce qui est très dangereux pour mes membres), si bien qu'il me semble que la moindre des choses serait que les AGENTS DE LA RATP SOIENT UN MINIMUM SENSIBILISES ET TEMOIGNENT D'UN MINIMUM DE CONTROLE DE SOI ET DE RESPECT ENVERS LES PERSONNES A MOBILITE REDUITE au moins.
Mais le plus horrifiant est que ce même conducteur, qui continuait à m'adresser des gestes à travers la vitre pendant qu'il conduisait (sic!!), 10 mètres plus loin, arrêté à un feu rouge (et non pas à un arrêt de bus), a laissé monter sous mes yeux un jeune homme qui lui faisait signe et qui est rentré en un saut. Aussi je me permets de vous faire remarquer que ce conducteur de bus a visiblement bien plus de compréhension pour un jeune homme apparemment en pleine forme qui ne souhaite pas marcher jusqu'à un arrêt de bus proche, que pour une jeune fille handicapée pour qui rester 3 secondes debout dans le bus en marche ou faire 6 mètres de plus fait une énorme différence !!
Il me semble que si la Ratp veut décourager toutes les personnes à mobilité réduite à emprunter les seules lignes de bus qui leur sont accessibles, si la Ratp veut leur signifier qu'elles n'ont pas à essayer d'acquérir de l'autonomie, si la Ratp veut montrer qu'elle ne se soucie pas de l'accessibilité des PMR, elle peut effectivement encourager ce genre de comportements chez ses conducteurs de bus. Il me semble que la scène inacceptable que ce conducteur de bus m'a faite subir devant d'autres personnes vous permettra a minima de l'orienter avec insistance vers une formation de sensibilisation aux personnes handicapées. Sans doute ce monsieur a besoin de se retrouver en situation dans un fauteuil roulant pour se rendre compte qu'il y a certaines personnes pour qui faire 6 mètres de plus ou de moins fait une énorme différence, et qu'il doit les accueillir avec respect (la moindre des choses, s'il ne peut accéder à la compréhension, étant la politesse).
La Ratp est responsable de la formation de ses agents. Je remercie le personnel d'Infomobi qui a écouté ma détresse suite à cet évènement, et je rédige cette plainte sur leurs conseils et afin d'être sûre que la situation soit reportée dans son intégralité et bien comprise ; je fais suivre cette plainte à la délégation locale de l'Association des Paralysés de France.
Il faut déjà tellement de courage pour essayer de prendre le bus, face à de tels comportements, comment puis-je espérer y être accueillie sans humiliation la prochaine fois ? J'espère que la réponse de la Ratp ne saura tarder, qu'elle sera suivie d'effets certains pour ce conducteur et que j'en serai informée, sinon cela veut dire que la Ratp délivre clairement le message aux personnes à mobilité réduite de rester chez elles au lieu de tenter d'acquérir un peu d'autonomie dans ses lignes de bus indiquées « accessibles ». Prendre le bus pour un rendez-vous médical est déjà un parcours du combattant, on est en droit de s'attendre à ne pas y être agressé par un agent de la fonction publique !"
et quelques jours après, ma témérité paye...ou pas!
"Bonjour,
Le pire, c'est qu'au bout d'un moment, on est épuisé d'écrire les réclamations qui sont censées faire avancer les choses, et le pire du pire c'est que l'étape d'après on ne prend plus le bus...
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