Même principe, vous faire partager mes expériences et pensées par le biais de questionnaires récents auxquels j'ai répondus.
Celui-ci concernait plus spécifiquement ma maladie, et sans que je sache trop pourquoi le fait d'avoir cette maladie en étant une femme.
premiers
symptômes en 2002, premiers symptomes sérieux en 2004, diagnostic en 2005 ou
2006 (en fait diagnostiqué une fois en 2005 mais sans aucune explication donc
ça ne voulait rien dire pour moi)
Définition du handicap par la convention relative aux droits des
personnes handicapées
1
- Vous reconnaissez vous dans cette définition :
« Constitue
un handicap (ou une situation de handicap) le fait, pour une personne, de se
trouver, de façon temporaire ou durable, limitée dans ses activités
personnelles ou restreinte dans sa participation à la vie sociale du fait de la
confrontation interactive (réelle ou imaginée) entre ses fonctions physiques,
sensorielles, mentales et psychiques lorsqu’une ou plusieurs sont altérées et,
d’autre part, les contraintes physiques et sociales de son cadre de vie » Prs Claude Hamonet et Teresa
Magalhes (Porto)
Si
oui ou non, pourquoi ?
Oui,
impossibilité d’utiliser des marches, d’utiliser un clavier…c’est vite
vu ! j’ai fait la démarche quand j’en ai eu besoin pour le travail
II - Vous et la société
1
- Pensez vous que l’ensemble de la société, soit sensibilisée à la situation
des personnes atteintes d’un handicap ? A leurs capacités et
contributions ? A adopter une attitude réceptive à l’égard des personnes
handicapées ? Et plus particulièrement à celles atteintes d’un XXX?
Non,
du tout, et encore moins aux handicaps invisibles. C’est une réelle souffrance
sociale de chaque instant (travail, vie en société etc).
2
- Pensez vous que vous-même et votre famille sont suffisamment informés des
conséquences du XXX pour pouvoir la comprendre ?
Moi
je pense que oui car le docteur m’a donné des articles. Je n’ai pas forcément
réussi à informer aussi bien et aussi vite mon compagnon, finalement lui n’a
pas eu d’accompagnement du handicap. Je n’en parle même pas à ma famille que je
vois peu.
3
- Vous avez une distinction particulière, celle d’être en situation de
handicap : pensez vous pouvoir vous prévaloir de tous les droits et de
toutes les libertés communes aux autres personnes ? Pourquoi ? Etayez
d’exemples.
Je
ne comprends pas très bien la question, mais on ne connaît pas du tout nos
droits en tant que personne handicapée, et même si on les connaît, on ne va pas
trainer tout le monde en justice (car eux ne les connaissent pas).
Le
non accès aux transports restreint énormément les libertés : libertés de
sortir bien sûr, mais aussi liberté de choisir où l‘on vit, où l’on travaille,
et même quel type de travail on peut faire (déplacements dans le travail).
4
- Pensez-vous avoir une valeur pour la société ? Si oui, de quel
ordre ? Pourquoi ?
J’ai
une capacité d’empathie et de compréhension de la « res humanes »
bien plus grande. J’ai dû décrypter beaucoup d’attitudes humaines pour pouvoir
les parer : par exemple pour faire une présentation ppt tout en donnant un
entraînement à la salle, et ne pas paraître flemmarde, je m’assois sur le
dossier d’une chaise etc… Enfin j’apporte de pouvoir comprendre et guider
d’autres personnes qui découvrent un handicap. J’ai la chance de commencer à
donner des cours sur le handicap…on voit bien que ça décoiffe certains élèves,
ça donne la même impression que les pubs où les gens sont scotchés par un
produit…
5
- Pensez-vous que vos incapacités et les barrières comportementales et
environnementales font obstacle à votre pleine et effective participation à la
société ? Pourquoi, Donnez des exemples.
Oui !!!
C’est évident : les amis qui n’ont pas d’ascenseur, les bars avec étages,
les cinémas + je ne peux pas faire toute une partie « terrain » du
militantisme politique, je ne peux faire aucun enterrement de vie de jeune
fille…. Egalement, je peux apporter de l’écoute, mais je ne peux pas apporter
les « coups de main » qui souvent servent de jugement sur une
personne ( du type je débarrasse la table chez la belle famille, je rend
service en déplaçant trois chaises au boulot, je coupe des carottes chez des
amis…dur à vivre soit au boulot soit en vacances entre amis !).
6
– Si oui à la réponse 5
Pensez
vous que si vous aviez une place pleine et entière au même titre que les autres
personnes, cela renforcerait votre sentiment d’appartenance à la société ?
Je
ne sais pas comment on détermine une « place » : un
travail ? une notoriété ? une visibilité ? un nombre
d’amis ?
7
- Vous sentez vous exposés à des formes multiples ou aggravées de
discrimination fondée sur le handicap, le sexe ?
Le
handicap c’est certain. Discrimination préventive au travail (encore il y a
deux jours, acceptée sur un poste sous réserve que les adaptations de postes
sont possibles « pour m’assurer le meilleur accueil possible »), le
plaisir aussi de se retrouver rapidement « l’handicapé » de service
dans une boîte où ce n’était pas du tout votre poste initial mais finalement au
bout d’un an ça l’est et vous n’avez plus qu’à démissionner pour retrouver un
poste pas sur le handicap.
La
discrimination liée au sexe non pas trop : j’ai fait toute ma formation
dans un milieu de mecs et donc j’ai beaucoup l’habitude. Et la capacité de
quelqu’un à aider sans attendre en retour ne dépend pas du genre. Même souvent
je trouve les hommes plus serviables avec l’âge…je ne sais pas.
Par
contre l’âge oui ! mes droits sur le handicap, et l’indignation profonde
qui vient de les voir bafouer si souvent, sont souvent peu pris au sérieux à
cause de mon âge. Ma maturité (en grande partie due au handicap) semble en fait
improbable et du coup est prise pour du loufoque plutôt que du lucide et
avant-gardiste (sur le handicap bien sûr).
Dans
le bus, je me fais insulter par des personnes âgées parce que je suis assise.
Le bus se gare à 2m du trottoir sans scrupule. C’est le côté handicap
invisible, mais mon handicap m’a vraiment fait détester les personnes âgées,
qui ont leur vie accomplie, des incapacités moindres mais s’en plaignent sans
arrêt (en rééducation…), sont malpolis et agressifs.
8
- Le fait d’être une femme vous semble t il une difficulté supplémentaire pour
la reconnaissance de votre maladie ? Etayez.
Ca
a plutôt été une difficulté pour la diagnostiquer : entre les incroyables suspicions
d’anorexie complètement infondées (poids stable, alimentation équilibrée etc
etc), le médecin qui me traite de chochotte (pourquoi vous utilisez le fauteuil
roulant ? _ pour garder une vie sociale !!!!!), ou encore mieux celui
qui me dit que c’est parce que je suis trop diplômée que je réfléchis trop et que
ça me fait somatiser (il m’a prescrit du Doliprane !!). Le comble a été un
professeur hautain (pas de « bonjour ») qui m’a trouvée réticente au
corps médical et m’a dit que je refusais de guérir et que c’était ça mon soucis….je
suis malade parce que je le veux en gros…
Mais
être une femme permet aussi de mieux exprimer son ressenti et de mieux
transmettre ses besoins.
10
- Pensez vous que d’avoir un XXX vous exclus de certains droits des PH ?
Expliquez.
Je
ne trouve pas, pas plus que tout autre handicap invisible. Mais je pense que
c’est beaucoup dû au docteur N qui ne m’a pas sauvé la vie médicalement mais
m’a sauvée tout court.
Il
y a plusieurs difficultés intrinsèques qui sont celles de toute tendinite en
fait :
-
on comprendrait mieux que vous forciez 3 jours et soyez au lit 3 jours que de
vous économiser 6 jours pour marcher 6 jours
-
quand l’environnement est adapté, le handicap disparaît en partie ou totalement
et on ne le prend plus au sérieux. Au travail ils ont failli arrêter l’ascenseur
parce que mon « handicap c’est du cinéma » (sic !)!
11
- Pensez vous que toutes les mesures sont prises pour éliminer la
discrimination fondée sur le handicap, le
sexe ? Pouvez-vous en citer ?
Oui :
quotas au travail.
Non :
inaccessibilité des transports, pas de formation des professionnels qui
aujourd’hui sont censés veiller à l’application de la loi (les représentations
préfectorales de l’Etat sont encore à un niveau atterrant…), pas de quota sur
les listes électorales, pas de quota dans les médias (rendre le handicap
visible et banal… !). La comparaison avec la parité féminine est tout à
fait pertinente ici à de multiples points de vue et je m’en sers souvent dans
mes discours militants.
12
- Du fait de votre condition de PH, êtes-vous en situation de pauvreté ?
Pour une personne seule, le seuil de pauvreté est de 817 euros Pour un
couple avec deux enfants de plus de 14 ans, le seuil est de
2 043 euros.
Non,
mais si je vivais seule (sans aide humaine), je ne pourrais pas me déplacer
« gratuitement », je ne pourrais pas assurer le loyer exorbitant que
je dois payer pour être proche de mon travail et dans un logement accessible
etc. et donc je serais financièrement beaucoup plus en difficultés, sans
compter cloitrée chez moi (plus d’activité sociale) et avec encore moins de
choix de postes etc.
Par
contre les surcoûts liés au handicap ne sont pas couverts par les aides :
les aides pour trouver un logement accessible (chasseurs d’appartement)
n’existent pas, les financements pour véhicules etc.
13
- Pensez vous indispensable que les personnes handicapées aient pleinement
accès aux équipements physiques, sociaux, économiques et culturels, à la santé
et à l'éducation ainsi qu'à l'information et à la communication ?
Difficile
de répondre non. Les personnes handicapées devraient être beaucoup plus formées
sur leurs droits au moment où elles reçoivent leur reconnaissance. Leurs droits
tout domaines confondus ! Une sorte de fascicule d’accueil…Aujourd’hui
c’est le minimum du minimum, et encore, j’apprends des années plus tard qu’il
me manque une mention sur ma carte d’invalidité, etc…
17
- Vous sentez vous protégé par la société malgré le XXX ? Pourquoi ?
Cela
dépend, cf question 11. Quand je dois rejoindre des amis et que dans le centre
Bobo de paris c’est recouvert de parkings pour 2 roues mais sans une seule
place pour personne handicapée (sic !) je me dis qu’il y a du chemin…
18
- Pensez-vous avoir un handicap invisible ou alternativement visible et
invisible ? Cela est il un facteur d’exclusion supplémentaire ?
Oui
c’est alternatif cf plus haut. J’ai l’impression d’une société
schizophrénique : j’ai besoin de la même accessibilité avec ou sans
fauteuil roulant mais la société elle réagit complètement différemment, me
propose des solutions et de l’attention avec le fauteuil, et sans le fauteuil
on ne m’en propose pas le millième. Cela dit j’ai fini mes études en m’asseyant
par terre dans le RER même avec le fauteuil roulant on ne me laissait pas
forcément de quoi m’asseoir dignement si je ne le mendiais pas. Donc, la
visibilité ne fait pas tout non plus en face de la culture française et de la
nature humaine « variée ».
III - Volet administratif
19 - Une
reconnaissance à 100 % par la sécurité sociale, un taux de handicap à 80 %, le statut de travailleur handicapé vous
ont-ils été refusés ? Pourquoi ?
Non, j’ai sué sang et eau sur mon dossier Cotorep. Sans ces
reconnaissances je serais en galère totale, impossibilité de me déplacer dans
Paris, d’assurer les frais de rééducation et d’orthèses (à renouveler car les
orthèses souples changent complètement la vie mais ont-elles mêmes une durée de
vie de qq années seulement), impossibilité totale de travailler. Et un énorme
sentiment d’injustice qui viendrait de tous les frais que je dois dépenser pour
compenser mon handicap s’ils n’étaient pas compensés par la MDPH au moins en
partie, au moins pour le geste. Au mieux ça me rembourse, mais a minima ça
achète « ma » paix sociale et me permet de vouloir m’intégrer dans cette
société inadaptée, comme si elle m’y invitait et s’excusait par ces
compensations. Cela efface l’aigreur.
20 - Des
prises en charge financières pour des soins, des transports vous ont-elles été
refusées ? Pourquoi ?
Orthèses souples non reconnues par la sécu. Découragements
devant certaines erreurs de la sécu qui au final me coûtent presque plus en
timbres…
C’est surtout le temps que prennent toutes les démarches de
soin qui fait qu’à ce jour je suis toujours sur le fil du rasoir de ce dont
j’ai besoin pour survivre …je ne suis pas élève modèle sur mes propres aides et
soins (ordonnances non utilisées, contacts pas exploités, etc…), parce qu’au
final on préfère vivre tant qu’on peut…
IV -
Vous
21 – Vous
sentez-vous incomprise par votre entourage, votre médecin ?
Pourquoi ?
Mon
compagnon non, ma famille oui mais je n’essaye même pas, mes amis complètement
même s’ils savent que quelque chose cloche presque tous continuent de m’inviter
à l’autre bout de la ville dans des endroits sans ascenseur en m’indiquant la
station de métro (et bien sûr si j’insiste un peu trop sur mon handicap ça les
éloigne puisque le handicap ce n’est pas drôle, surtout quand je perds patience
à leur expliquer une nième fois et que je trouve cela blessant de devoir encore
le faire)
Mon médecin
spécialisé non je lui dois énormément, mais mon médecin traitant continue de me
regarder avec suspicion sur certains aspects (fauteuil roulant en
particulier), ce que je ne comprends pas alors que les progrès me semblent
énormes depuis que j’ai été diagnostiquée et que le docteur spécialisé m’a
aidée.
Je ne
comprends pas cette fixation que les docteurs font sur le fauteuil
roulant : déjà ils me renvoient, par cette suspicion, une image assez
insupportable de quelqu’un qui n’aurait pas envie de marcher avec ses propres
jambes (ce qui factuellement est faux pour quiconque me connaît donc de quel
droit le disent-ils ?), et me culpabilisent et découragent d’une manière
complètement stupide car le FR est mon seul
passeport pour arpenter les couloirs, travailler, assister à des
cocktails, aller voir des amis, aller au cinéma, prendre le train, prendre
l’avion…bref avoir un minimum de vie sociale. Pourquoi les docteurs
préféreraient-ils que je reste cloitrée chez moi avec les genoux inflammés mais
sans fauteuil roulant ?
22 –
Avez-vous le sentiment d’être dénigrée dans vos douleurs votre fatigue, la
véracité de vos dires ?
OUI !!!!
Pas par le docteur spécialisé ni certains docteurs. Mais par la majorité des
docteurs, la majorité des gens au travail sauf certains. Mes amis sont plus
prévenants, ils ne savent pas trop ce qu’il se passe mais quand ils me voient
grimacée ils font un peu comme avec une femme enceinte.
23 – Quelle
image avez-vous de vous-même ?
Une marionnette/poupée qui ne fonctionne pas, avec des
articulations inutiles.
Elasti-girl dans The Incredible mais pas fun du tout.
Isolée avec mon problème.
Finalement des fois
je ne mets pas mes orthèses et j’attends que la douleur vienne pour me rappeler
que je n’invente pas et que je ne suis pas folle…
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