Tokyo a été une ville très réjouissante! Un peu comme aux Etats Unis on découvre qu'en tant que personne handicapée on pourrait avoir une vie très très différente ou plutôt très très normale si seulement Paris était moins pire...Je m'imagine donc n'ayant pas été obligée de déménager, prenant les mêmes transports que tout le monde, etc avant de...rentrer de vacances!
Pas encore la ville parfaite, mais très instructive!
1) Le premier point qu'on remarque dès la sortie de l'avion, ce sont, comme à Pékin, des bandes podotactyles jaune vif, épaisses et larges qui quadrillent tout le sol. Il est donc plus agréable de les voir que de les traverser en fauteuil (un bon centimètre au moins de hauteur et des bords carrés)! Néanmoins l'aspect jaune (plutôt moche mais contrasté) est toujours adéquat pour rappeler que l'accessibilité, dans certaines civilisations, prime sur le confort visuel subjectif de valides qui n'auraient pas l'habitude esthétique des lieux faits pour tous. Dehors, puis dans le métro, sur la plupart des trottoirs, la ville est réellement quadrillée de ces bandes podotactyles, ce qui rend les bandes podotactyles (ou plutôt d’éveil de vigilance) delanoéennes très timides et très palotes. On en trouve certaines légèrement différentes, notamment à Haradjuku (dont les poubelles indiquent Champs Elysées), où l'on perd le contraste mais on gagne en intégration dans le sol. Les japonais étant très Kawaïiï ils font même parfois des petits motifs dessus. Des fois c’est à un point qu’on croirait que le trottoir entier est podotactyle ! L’éveil des sens, tordage de cheville assuré ! ;)
On a également croisé sur un trottoir en pente vers Roponguiune "aire de repos" plate pour sans doute reposer les poussettes et fauteuils de la pente du troittoir!
PHOTOS DU POINT 1
2) le deuxième point positivement
choquant ce sont les ascenseurs et leurs boutons. Les ascenseurs où il n’y
a pas à chaque fois deux hauteurs de boutons d’appel (une haute et une pour personnes
en fauteuil roulant avec la petite icône) sont tout aussi rares que les
indications de l’ascenseur qui ne seraient pas traduites en braille. Là où on a
peur de rajouter du braille à côté des chiffres, eux traduisent tout ! Accès à tout pour tous ! Dans
l’ascenseur, il est aussi très fréquent d’avoir une multitude de zones de
boutons accessibles aux personnes handicapées, comme si les japonais avaient
miraculeusement compris que coincé entre d’autres personnes dans son fauteuil
on est bien content de trouver un bouton juste sous sa main à gauche ou à
droite ou devant (ils en mettent partout !) sans faire ressortir tout le
monde pour un demi tour ou quémander de l’aide. Autonomie ! Au final, bien sûr, c’est utile pour tous
surtout quand l’ascenseur devient bondé (grands magasins etc). Mais quand je
vous dis qu’ils sont forts, c’est que même dans un petit immeuble d’habitation
de la banlieue de Tokyo, où il y a un portail spécial pour accès aux personnes
handicapées (bien sûr qui sert aussi pour les poubelles, les poussettes et les
vélos, nos amis de toujours), ils les doublent leurs boutons !!
PHOTOS DU POINT 2
3) Il est temps de vous raconter mes bons souvenirs du métro. Oui cette phrase existe et je viens de la prononcer ! Voici comment cela se passe : au final, le plus difficile est de trouver l’entrée par l’ascenseur quand elle existe (il parait que toutes les stations ne sont pas accessibles, mais un peu comme il paraît que nos stations sont accessibles…). Comme ailleurs les grandes stations ont plusieurs entrées et toutes ne sont pas THE entrée pour un fauteuil. A ce moment, et quand on est un touriste, il est utile d’avoir un accompagnateur qui rentre dans la station puis suit la sortie pour personnes handicapées afin de trouver la bouche d’entrée !
Après avoir surpassé les difficultés inhérentes à la langue pour prendre son billet, on passe dans le portillon adapté en largeur, et qui est TOUJOURS juste à côté du guichet ouvert où il y a TOUJOURS un agent. L’agent ne peut donc pas vous louper et vous demande systématiquement plusieurs infos parmi lesquelles : est-ce que vous avez besoin d’assistance pour monter dans le métro, et où vous allez à l’arrivée (comme aux Etats-Unis). Vous pouvez continuer votre chemin accompagné ou non selon vos réponses. Les ascenseurs ou plutôt « élévèteurs » sont indiqués. Sur le quai, un pictogramme sur le mur (et parfois même les bandes d’éveil sensoriel au sol) vous indique à quel endroit vous devez attendre pour vous trouver en face de la rame adaptée. Si vous êtes accompagné, un agent vous aura accompagné jusqu’ici et attend avec vous le train. Il déplie une toute petite palette qu’il portait à la main pour vous faire accéder au train. J’ai noté que certains ne la fixaient pas bien ce qui rendait le passage dangereux et glissant. Ils sont plus gentils mais pas forcément mieux formés que nous ! Dans la rame adaptée un espace large avec tout ce qui est habituellement préconisé (mur pour s’adosser, barres pour se tenir, bouton d’appel d’urgence) et qui n’existe pas en France, est à votre portée de main ! Il va sans dire que tout le monde se pousse sans broncher. Les sièges prioritaires, qui existent dans chaque rame et représentés par à peu près les mêmes pictos qu’en France, ne m’ont pas semblé hyper hyper respectés mais je n’ai pas vu de personne incommodée devoir rester debout non plus…Les femmes enceintes se baladent avec des petits badges roses sur leurs sacs pour être identifiées, kawaïïï.
A l’arrivée, un agent de la station aura été prévenu et vous attend avec la même mini rampe. Luxe du luxe, si les japonais qui s’arrêtent spontanément pour vous demander si vous avez perdu votre chemin ne suffisent pas, vous trouverez même à certains endroits dans le métro des cabines téléphoniques adaptées pour personnes en fauteuil roulant ou de petite taille. Qui a dit que seuls les malentendants avaient un accès difficile au téléphone ? QU’ON EN PRENNE DE LA GRAINE.
PHOTOS DU POINT 3
Pour rester honnête, nous avons eu un problème dans une station dont l’ascenseur était en panne. Plusieurs agents déboulent alors rapidement et essayent de trouver des solutions pour vous. Difficile de savoir avec l’obstacle de la langue s’ils vous auraient associé ou non aux discussions ! Cependant le fait que les stations débouchent souvent sur des centres commerciaux augmente la fiabilité de la présence et du fonctionnement des ascenseurs qui sont presque communs au centre commercial lui-même ou à des parkings. Nous avons même vu des ascenseurs de stations qui étaient en fait dans des immeubles de bureaux de l’autre côté de la rue : DE QUOI DEVELOPPER UNE IDEE, pour rendre des stations de métros accessibles sans percer des ascenseurs partout !
Egalement dans une gare le cheminement accessible n’était pas trouvable en toute autonomie : un agent devait nous ouvrir un petit couloir qui révélait qu’en fait la station de métro était à notre niveau, un peu comme les piscines à Paris où il faut monter et descendre pour se retrouver au niveau 0.
4) Le bus, euh bon c’est une autre histoire. Il faudrait vivre dans une ville avec le métro japonais et le bus américain et la baguette de pain française. Il est fort possible que nous n’ayons pas bien compris le fonctionnement car des petites icônes traînent un peu partout sur les différentes sortes de bus et de stations de bus. Notre première tentative sur un bus à plancher haut s’est soldée par un échec car le mécanisme était cassé, le chauffeur voulait me porter par le bras, tout cela nous rappelant à notre doux pays.
La deuxième fois, sur un bus à plancher bas, tout a très bien fonctionné mais quelle histoire ! Alors : le chauffeur de bus doit prendre des clefs, ouvrir une première armoire, en sortir une rampe qu’il déplie et clipse. Il demande ensuite aux personnes assises à l’emplacement spécial de se déporter, puis plie les sièges (comme aux Etats-Unis) pour libérer un emplacement réservé. Je monte dans le bus, il doit alors aller ouvrir un autre bac d’où il sort des sangles et il commence à se contorsionner autour de mon fauteuil pour sangler correctement mon fauteuil au sol adapté du bus. J’imagine facilement un chauffeur non expérimenté paniquer devant ce bazar de sangles mais ici tout s’est bien passé : j’ai la même sécurité qu’aux Etats-Unis (inexistante en France !) où le principe de ceinture est quand même plus simple. Avec tout ça bien sûr le chauffeur nous demande de visu notre point d’arrivée, là encore une condition identique aux Etats-Unis. Je suis bien installée mais le chauffeur doit encore replier la rampe et refermer à clef les deux armoires. A l’arrivée bien sûr, même cirque, mais tout se passe bien !
PHOTOS DU POINT 4
5) Parlons un peu tourisme. Certains lieux étaient inaccessibles, avec toujours les mêmes réactions des gens très gentils mais pas informés sur les cheminements et qui veulent porter tout le monde, même quand ils sont aussi grands debout que vous en fauteuil. Je signale quand même parmi les lieux touristiques accessibles ce temple qui n’a visiblement pas eu l’impression de perdre son âme en devenant accessible à tous, QU’ON SE LE DISE : en effet un petit édifice d’architecture identique au temple a été construit juste à son bord. En faisant le tour on y découvre à l’intérieur un ascenseur pour toutes les personnes dans le besoin (poussettes, personnes âgées, difficultés temporaires…), cet ascenseur communiquant ensuite avec l’intérieur du bâtiment par un petit pont là encore construit en totale harmonie avec l’architecture historique. Et tout le monde est content.
PHOTOS DU POINT 5
6) La découverte du séjour a néanmoins bel et bien été l’escalator de la mort ! Le premier escalator accessible aux personnes handicapées au monde ! Nous l’avons rencontré dans un métro, par hasard. Tandis que nous lui demandions le chemin vers la station, un agent nous a mené devant un escalator descendant sans que nous comprenions trop ce qui allait se passer, si nous allions le passer à la québécoise ? Et en fait non !
Il a appuyé sur des boutons sur le côté de l’escalator, qui s’est mis à tourner jusqu’à ce que des marches avec des traits verts dessinés dessus se calent juste au début de l’escalier. Ensuite ces marches se sont aplaties et les traits verts ont alors formé un rectangle plat sur l’équivalent d’environ trois marches en surface. Des lames sont alors sorties devant le rectangle vert pour servir de cales aux roues avant du fauteuil et j’ai pu me positionner sur le rectangle vert sans avoir peur de dévaler tout l’escalier. L’agent a ensuite actionné l’escalator qui s’est mis à descendre doucement, avec moi à plat dessus ! Les marches sont redevenues des marches autour de la zone verte mais la zone verte restait bien à plat et les cales bien montées ! Incroyable expérience donc immortalisée par quelques photos.
PHOTOS DU POINT 6
7) Il serait vraiment difficile de parler du Japon sans parler de ses toilettes, même en matière d’accessibilité. Je ne maîtrise pas suffisamment à la fois le handicap visuel et les pratiques toilettiques japonaises pour savoir si tous les boutonniots qui se proposent de vous laver les fesses sont bien accessibles aux déficients visuels… Néanmoins leurs habitudes font que des toilettes adaptées aux personnes handicapées deviennent très vite de vraies machines de guerre comme on peut le voir sur cette photo. On y ferait presque une sieste ;) Au moins la chasse infrarouge (et donc zéro Newton, ma religion) ne me déboîte plus les doigts !!
PHOTOS DU POINT 7
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